L’holodomor

L’EXTERMINATION PAR LA FAIM

Les Européens qui vilipendent actuellement l’Ukraine ont la mémoire courte voire pas de mémoire du tout, car ils sont pour la plupart ignorants d’un épisode désastreux et pas si lointain concernant l’histoire de l’Ukraine. Les Ukrainiens qui résistent à l’assaut russe, eux, s’en souviennent…

Dans les années 1930, l’Ukraine était un pays dont l’identité nationale était acquise, la langue officielle était l’ukrainien. Le pays était prospère et tranquille. Mais une calamité allait s’abattre sur le pays sous la forme d’un Russe, Joseph Staline.

De 1932 à 1933, le maître du Kremlin va instaurer  » l’Holodomor  » mot signifiant famine « , en fait une extermination par la faim. Or, Staline avait parfaitement prémédité cette famine qui se transformera en génocide; il voulait détruire le peuple ukrainien dont il redoutait l’envie de liberté qui pouvait favoriser le nationalisme et mettre le socialisme en péril.

L’Holodomor, contrairement à l’holocauste, la shoah, n’a pas laissé beaucoup de traces dans les mémoires européennes. Il faut dire que les forces obscures de l’époque sous la forme du pouvoir en URSS ont réussi à camoufler l’horreur. Pour Staline, il s’agissait de pratiquer le collectivisme à marche forcée et il avait besoin d’industrialiser la Russie. Il décida que le grenier à céréales qu’était l’Ukraine allait financer ses achats. Le  » petit père des peuples  » décréta alors la collectivisation de l’agriculture et l’abandon des propriétés privées au profit des fermes d’ Etat et le pouvoir décida de prélever la moitié des récoltes. Bien sûr, les paysans se rebellèrent massivement dans toute l’Ukraine. Du côté de Staline, on dénonça vigoureusement les ennemis du prolétariat, les spéculateurs, les saboteurs, à la solde de l’étranger. Il était même interdit de se déplacer d’un point à un autre en Ukraine afin d’éviter toute manifestation d’envergure. L’armée bloqua les routes et contrôla le pays. Puis Staline en arriva à une répression féroce et envoya des brigades qui ravagèrent les fermes et pillèrent les réserves de céréales. Le dirigeant du Kremlin institua alors un régime de – terreur – avec des arrestations et des déportations au goulag. En 1932, une loi fut promulguée,  » la loi des épis « . Quelqu’un qui gardait ou cachait des semences devenait passible de la peine de mort. L’hiver fut glacial. Il n’y avait plus de céréales chez les paysans, plus de nourriture. La population était de plus en plus affamée; elle commença par manger les animaux d’élevage et sauvages, puis les animaux domestiques, puis les rats, les racines; certains se suicidèrent. Et enfin, la population ukrainienne, désespérée, en vint à des actes d’anthropophagie et mangea les vieillards, puis les enfants.

 

L’Ukraine devint alors un immense mouroir dans l’indifférence quasi générale malgré les millions de morts. Pendant ce temps, l’URSS exportait partout des tonnes de céréales ukrainiennes pour se fournir en machines destinées à l’industrie. Sur place, des journalistes qui tentèrent d’en parler furent menacés de représailles. Certains réussirent quand même à relater ce qu’ils avaient vu une fois rentrés dans leur pays mais ils ne rencontrèrent que peu d’échos; personne ne tenait à affronter l’Union soviétique, encore moins à risquer une guerre mondiale…

Si l’holodomor est maintenant reconnu depuis la chute de l’Urss comme un crime contre l’humanité, l’actuel dirigeant du Kremlin refuse d’utiliser ce terme et a, de nouveau, fait sceller les archives concernant l’holodomor.

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